Un film méconnu ! les 171 576 téléspectateurs ayant fait le déplacement, si vous les retrouvez ;) pourront vous confirmer la qualité de Phoenix.
Phoenix fait référence et s'inspire du roman Le retour des cendres de Hubert Monteilhet.
PHOENIX
Un film de Christian Petzold
Année : 2015
Sorti le : 28 janvier 2015
Durée : 1h34 min / 94min
Genre(s) : Drame, Guerre
Nationalité(s) : Allemand
Distributeur : Diaphana Distribution
Récompense(s) : aucun
Budget : ?? M$
Recette : ?? M$
Rentabilité : ... %
Retrouvez les stars : Nina Hoss, Ronald Zehrfeld, Nina Kunzendorf, Trystan Pütter, Michael Maertens, Imogen Kogge
Le synopsis :
Juin 1945. Grièvement défigurée, la chanteuse Nelly Lenz (Nina Hoss), seule survivante d’une famille déportée à Auschwitz, retourne dans un Berlin sous les décombres. Elle est accompagnée de sa fidèle amie, Lene (Nina Kunzendorf), employée de l’Agence Juive.
Tout juste remise d’une opération de reconstruction faciale, Nelly part à la recherche de son mari, Johnny (Ronald Zehrfeld), malgré les mises en garde suspicieuses de Lene.
Johnny est convaincu que sa femme est portée disparue. Quand Nelly retrouve sa trace, il ne voit qu’une troublante ressemblance et ne peut croire qu’il s’agit bien d’elle. Dans le but de récupérer son patrimoine familial, Johnny lui propose de prendre l’identité de sa défunte épouse.
Nelly accepte et devient son propre double. Elle veut savoir si Johnny l’a réellement aimée ou s’il l’a trahie…
La bande annonce
La chronique de Sly
| Copyright Christian Schulz
Phoenix, de Christian Petzold (2015)
<< Une mise en scène sobre >>
Clin d’œil à la ville où se déroule une partie de Psychose (Alfred Hitchcock, 1960), nom d’un bar à soldats allemands et celui d’un oiseau mythologique qui renaît de ses cendres après sa combustion, Phoenix est un film de plus à ajouter sur la liste des œuvres qui tentent de souligner et rappeler l’horreur de l’Holocauste.
Cependant, ce qui le démarque en termes de mise en scène, c’est justement l’ascétisme qui règne en ces lieux où tout n’était que bombardements, rafles et massacres à la pelle.
Une mise en scène sobre donc qui contraste avec la kyrielle d’émotions et de questions soulevées par l’histoire de Nelly Lenz, rescapée des camps…
Johnny, son mari, ne la reconnaît pas. Elle a survécu à Auschwitz, mais a laissé une partie de son identité derrière elle. Gravement défigurée, Nelly Lenz subit de la chirurgie faciale et, malgré son souhait d’être « exactement comme avant », elle ne fait que ressembler à la femme qu’elle était jadis.
Johnny, qui perçoit toutefois quelques analogies entre ce visage et celui de sa femme qu’il croit défunte, propose à la jeune femme de se faire passer pour son épouse afin de récupérer l’héritage qui lui revenait de droit. Nelly accepte et, par le fait, se voit chargée de la mission de… Ressembler le plus possible à elle-même.
Le plan est machiavélique : elle ne peut plus sortir, enfermée chez Johnny qui lui demande d’apprendre à écrire, marcher et parler comme son épouse. Puis, trois semaines plus tard, elle devra mettre en scène son retour après s’être soi-disant cachée dans une péniche durant la guerre.
Nelly ne perd pas patience et poursuit ses efforts pour ressembler à elle-même, le tout dans un calme olympien et un mystère troublant. Et c’est de là que le film tire toute sa force. Les acteurs semblent ne pas jouer, à la manière d’un Patrick Dewaere dans Série Noire (Alain Corneau, 1979).
Les décors sont impeccablement reconstitués, fidélité oblige au réalisme, mais ne cassent pas non plus des briques. Cependant on ne s’y attarde pas vraiment, trop absorbé par cet ascétisme pur, ce silence qui règne et qui contraste avec le volume surélevé (un délice) accordé à certains bruits (plancher qui grince, chaise qui bouge, manipulation d’une lettre…), rappelant sans équivoque la première délectable séquence de The Aviator (Martin Scorsese, 2004).
Finalement, le suspens n’est pas si insoutenable que l’aurait laissé penser le synopsis, et ce malgré quelques révélations-clés, mais la dernière séquence (charnière) étonne de son dénuement total d’émotions, et par la même occasion de pathos et de retrouvailles larmoyantes sur le quai de la gare, lorsque les amis de Nelly et son mari retrouvent une femme qu’ils croyaient morte.
On en vient presque à se demander, face à tant de retenue, ce que le réalisateur a bien pu vouloir faire passer comme message, notamment lorsque, apprenant le suicide de son ange-gardien qui s’est occupée d’elle durant sa reconstruction faciale, Nelly n’a même pas un tressaillement en guise de réaction.
Ma foi ce film se regarde malgré cela, dans n’importe quel état d’esprit et qu’importe que le sujet de la deuxième guerre mondiale vous passionne ou non. Après tout, Christian Petzold livre tellement peu de détails et de pistes d’interprétation que cela en devient même appréciable lorsque l’on se souvient que la Shoah n’est pas le premier génocide de l’humanité, et qu’il n’y a pas de quoi s’emballer une énième fois autour du sujet, par peur de refaire ce qui a déjà été fait et refait.
En ce sens, par sa neutralité et par l’angle d’approche rarement exploité, Phoenix mérite le détour.
Mathilde E.
Le 23 juin 2015
Une appréciation personnelle de 12/20
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