RESERVOIR DOGS
- Sly Leon
- 5 sept.
- 9 min de lecture
Le 1er Tarantino !
Plus de trente ans après, que reste-t-il de ce « coup de chien » ?
Un chef-d’œuvre culte, un manifeste indépendant très classique, ou une œuvre un peu surcotée ?
La réponse dans la chronique..
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RESERVOIR DOGS
Un film de Quentin Tarantino
Année : 1992
En salle le : 2 septembre 1992
Durée : 1h 39min / 99min
Genre(s) : Polar, Thriller, Action
Scénario : Quentin Tarantino, Roger Avary
Nationalité(s) : Américain
Distributeur : Sony Pictures Releasing France
Productions : The Weinstein Company, Columbia Pictures
Récompense(s) : 8 prix, 11 nominations
Interdit aux moins de 16 ans
Thématique et/ou sujets abordés | Les émotions |
Racisme, Esclavage, Vengeance, Liberté, Autonomie, Justice, Morale, Subversion des Genres | Colère, Indignation, Excitation, Tension, Empathie, Compassion, Humour Noir |
Retrouvez les stars : Harvey Keitel, Tim Roth, Michael Madsen, Chris Penn, Steve Buscemi, Lawrence Tierney
Le synopsis :
Six truands désignés par des noms de code entreprennent de dévaliser une bijouterie sous la direction de Joe Cabot et de son fils Nice Guy Eddie. L'opération échoue et se solde par un bain de sang. Les malfrats se réfugient dans un entrepôt sordide. L'un d'eux soupçonne la présence d'une taupe..
Pour voir ou revoir
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La bande annonce
La chronique de Sly

Réservoir Dogs, de Quentin Tarantino - 1992
Reservoir Dogs : le coup de maître inaugural de Quentin Tarantino
Certains films ne sont pas seulement des œuvres : ce sont des déclarations d’intention. Quand Reservoir Dogs débarque en 1992, le cinéma indépendant américain est en pleine effervescence, mais rien n’a préparé le public à ce mélange d’ironie, de violence et de dialogues ciselés. Tarantino, alors inconnu, signe un premier film qui sent la poudre, l’adrénaline et la cinéphilie dévorante.
Plus de trente ans plus tard, ce huis clos de gangsters conserve toute sa force brute et continue de fasciner.
Et pour vous, que reste-t-il de ce « coup de chien » ?
Un chef-d’œuvre culte, un manifeste indé, ou une œuvre un peu surcotée ?
Une intrigue simple, un chaos total.
Sur le papier, l’histoire pourrait tenir en deux lignes : un braquage échoue lamentablement, les survivants se retrouvent dans un entrepôt et cherchent à savoir qui a trahi. Mais Tarantino choisit une approche radicale : il ne montre jamais le casse. Pas de fusillades spectaculaires ni de poursuites en voiture, mais l’après-coup, ce qui reste quand la poussière est retombée.
Ce choix narratif, à contre-courant des codes du film de gangsters classique, installe immédiatement une tension singulière. Tout se joue dans les silences, les soupçons, les cris et les accusations. On ne regarde pas un film de braquage, mais un jeu de massacre psychologique. Le spectateur est enfermé dans ce hangar avec les personnages, pris au piège de leurs paranoïas.
Des dialogues qui claquent comme des balles
Tarantino a bâti sa réputation sur l’art du dialogue, et Reservoir Dogs en est l’acte fondateur. L’ouverture, une simple discussion autour d’un café, en dit long : au lieu de préparer le spectateur au “grand casse”, les personnages parlent pourboires et Madonna. Ce décalage est hilarant, mais surtout révélateur : chez Tarantino, le trivial côtoie toujours le tragique.
Ces dialogues construisent les personnages plus sûrement que l’action. Mr. Pink devient immédiatement identifiable par son obsession de ne pas laisser de pourboire, Mr. White par son autorité tacite, Mr. Blonde par son calme inquiétant.
Tout est dit avant même que l’intrigue ne démarre.
Et quand la tension monte, ces mêmes dialogues se transforment en menaces voilées ou en cris de haine. Ils rythment le film comme autant de coups de feu.
Violence stylisée, mais jamais gratuite...
On ne peut pas évoquer Reservoir Dogs sans parler de la scène qui a fait basculer le film dans la légende : la séquence de torture orchestrée par Mr. Blonde. Michael Madsen, cigarette au bec, regard impassible et sourire narquois, danse tranquillement sur "Stuck in the Middle with You" des Stealers Wheel avant de mutiler un policier sans défense. Ce contraste entre la banalité pop de la musique et la brutalité de l’acte est glaçant.
Mais cette scène n’est pas qu’un moment de choc : elle résume à elle seule l’art de Quentin Tarantino. Plutôt que de filmer frontalement la violence, il joue sur la suggestion. Quand Mr. Blonde brandit son rasoir, la caméra se détourne. Ce que le spectateur imagine est souvent pire que ce qu’il verrait. Résultat : l’horreur est vécue de manière plus viscérale, parce qu’elle est mentale.
Tarantino ne filme pas la douleur, il filme l’absurdité : ce petit pas de danse ridicule, ce chant enjoué au milieu d’un carnage. On rit, presque malgré soi, avant d’être immédiatement rattrapé par le malaise. C’est un piège tendu au spectateur : vous aimez ce style, vous vibrez au rythme de la musique, mais à quel prix ?
L’ambiguïté morale est totale.
Ce procédé deviendra une véritable marque de fabrique chez Tarantino. Dans Pulp Fiction, une overdose est filmée comme une comédie noire. Dans Kill Bill, la violence se transforme en ballet chorégraphié. Toujours, la brutalité est à la fois fascinante et repoussante. C’est ce paradoxe qui dérange, qui nourrit le débat : faut-il admirer l’esthétique ou condamner le sadisme ?
En ce sens, la scène de Mr. Blonde n’est pas une provocation gratuite, mais une déclaration d’intention. Tarantino rappelle que le cinéma peut nous séduire et nous dégoûter en même temps, et qu’entre ces deux pôles, il existe un espace inconfortable où l’art devient mémorable.
Un casting flamboyant !
Harvey Keitel, producteur et acteur du film, apporte sa gravité et son charisme naturel. Sans lui, l’entreprise aurait sans doute manqué de crédibilité. Tim Roth, dans le rôle de Mr. Orange, livre une performance habitée, oscillant entre intensité dramatique et fragilité. Steve Buscemi, nerveux et bavard, incarne un Mr. Pink mémorable, mélange de lâcheté et de lucidité.
Mais c’est Michael Madsen qui imprime le plus durablement la rétine : son Mr. Blonde est devenu un archétype, un gangster qui fait peur sans jamais hausser le ton. Chris Penn, quant à lui, incarne avec une énergie brute le fils du commanditaire, ajoutant une touche de chaos supplémentaire à l’ensemble.
Chaque acteur, par ses tics, sa voix, ses regards, transforme ce huis clos en une pièce de théâtre moderne, où l’on sent que la moindre étincelle peut tout faire exploser.
Les failles d’un premier film
Bien sûr, Reservoir Dogs n’est pas parfait. On sent parfois le manque de moyens : décors limités, failles de montage, faux raccords perceptibles pour les plus attentifs. Certaines scènes semblent trop bavardes, comme si Tarantino voulait à tout prix placer toutes ses répliques culte dans un seul film.
Mais ces défauts, loin d’affaiblir l’œuvre, lui confèrent une authenticité brute. C’est le cinéma indépendant dans toute sa vérité : pas de budget hollywoodien, mais une écriture et une énergie qui compensent tout. Ces faiblesses sont devenues, avec le recul, des marques d’identité.
Héritage et postérité
À sa sortie, le film choque par sa violence et son langage cru, mais il fascine la critique. Sélectionné à Sundance, applaudi à Cannes, Reservoir Dogs devient rapidement un phénomène dans les cercles cinéphiles. Ce n’est pas un blockbuster, mais un film qui circule, qui se recommande, qui se transmet.
Son influence est immense : il ouvre la voie à la vague du “nouveau cinéma indépendant” américain des années 90. Sans Reservoir Dogs, pas de Pulp Fiction, pas de Trainspotting tel qu’on l’a connu, et sans doute pas non plus cette obsession pour les dialogues stylisés qu’on retrouve ensuite chez Guy Ritchie ou les frères Coen.
Alors, chef-d’œuvre ou surcoté ?
Aujourd’hui, certains spectateurs découvrent Reservoir Dogs avec des yeux neufs et le trouvent trop bavard, trop théâtral, presque daté dans sa mise en scène. Mais réduire ce film à ses limites, c’est oublier ce qu’il a représenté : un choc cinématographique, un manifeste qui a prouvé que l’on pouvait réinventer le polar avec une caméra, un hangar et une écriture affûtée.
Reservoir Dogs est à la fois un film culte et un brouillon génial. Un brouillon qui a lancé l’une des carrières les plus marquantes du cinéma contemporain.
Alors, chef-d’œuvre ou film surcoté ?
La réponse dépend du regard qu’on lui porte : si vous le voyez comme une pièce isolée, vous pourriez tiquer. Mais replacé dans l’histoire du cinéma, il est indéniablement une œuvre unique en son genre.
Pour conclure
Réservoir Dog, c'est un...
➡️ Chef-d’œuvre, sans hésitation. Pas parce qu’il est parfait, mais parce qu’il invente une nouvelle manière de filmer la parole, la violence et le temps.
➡️ Film culte, évidemment. Il a façonné toute une génération de cinéphiles et ouvert la voie au cinéma indé des années 90.
➡️ Surcoté ? Peut-être aux yeux de certains, qui y voient surtout une pièce bavarde. Mais le fait qu’on en débatte encore prouve sa vitalité.
En somme, Reservoir Dogs est plus qu’un film : c’est une initiation. Une plongée brutale dans l’univers tarantinesque, où chaque dialogue est une balle perdue et chaque silence, une bombe à retardement. Si vous ne l’avez jamais vu, il est temps. Et si vous l’avez déjà vu, demandez-vous : avez-vous vraiment remarqué tout ce que Tarantino choisit de ne pas montrer ?
Sylvain Léon
Le 18 août 2025
Une appréciation personnelle de 18/20, Un polar violent, unique en son genre, une réussite !
Et si on demandait les avis de Mat et de Zap ?
Zap & Mat refont Reservoir Dogs 🎬🐶
Zap : Mec… j’ai encore du sang sur mes baskets rien qu’en pensant au film. Tarantino a transformé un entrepôt poussiéreux en arène de gladiateurs.
Mat : Grave ! Et tout ça sans montrer le braquage. Le mec a osé zapper la scène la plus attendue… et c’est encore plus tendu. C’est comme commander un burger sans steak, et découvrir que les frites sont meilleures que prévu.
Et que penses tu des personnages ?
Zap : J’ai toujours rêvé d’avoir un pseudo classe comme Mr. Blonde. Mais moi je serais plutôt Mr. Camouflage Raté.
Mat : Toi, Zap, t’aurais cramé ta couverture au resto en demandant « euh, je peux avoir du ketchup avec mes spaghettis ? »... Mais bref, parlons de Michael Madsen : ce gars a terrorisé la moitié de la planète… juste en se trémoussant sur une musique pop. Le mec danse, et tout le monde flippe.
Zap : Avec une oreille en bonus. Tarantino : « je vais pas vous la montrer, je vais juste laisser votre imagination faire le boulot ». Résultat : traumatisme collectif.
Et les dialogues, on en parle...
Mat : Le film commence avec une analyse philosophique de Like a Virgin par Madonna. Un braquage ? Non. Une dissertation musicale de comptoir ? Oui.
Zap : Et Tarantino se permet de jouer dedans en plus ! Mr. Brown… le mec qui explique Madonna comme s’il écrivait sa thèse. Si un prof avait fait ça à la fac, j’aurais eu 18/20 en musicologie.
Et tu as vu les faux raccords ?
Zap : Alors, parlons-en des faux raccords. Le sang de Mr. Orange ? Un jour piscine olympique, le plan d’après, une flaque ridicule.
Mat : Mais c’est ça qui est beau ! C’est comme un filtre Insta avant l’heure. Et puis, ça reste crédible : qui n’a jamais changé de niveau de saignement entre deux plans ?
Bon tu en pense quoi toi de ce 1er Tarantino ?
Zap : Alors ? Chef-d’œuvre, culte ou surcoté ?
Mat : Mec, c’est un triple combo. Chef-d’œuvre pour le culot, culte pour les dialogues, et surcoté uniquement par les rageux qui préfèrent voir les explosions des films de Michael Bay.
Zap : Amen. Et puis franchement, qui n’a jamais eu envie de dire : « Je veux pas être Mr. Pink » ?
👉 pour résumé : Reservoir Dogs, c’est le film qui prouve qu’on peut révolutionner le cinéma avec trois bouts de ficelle, un réservoir d’hémoglobine et une radio FM.
Zap : Et la prochaine fois, on fait pareil.
Mat : Ouais… mais version braquage du Monoprix.
La notoriété
Réservoir Dogs est sorti le 02 septembre 1992 et a cumulé 310 398 entrées France.
D’un échec commercial à un culte mondial
À sa sortie en 1992, Reservoir Dogs ne fait pas trembler les caisses américaines : un budget de 1,2 million de dollars, pour à peine plus de 3 millions de recettes. Trop violent pour certains, trop bavard pour d’autres, le film aurait pu rester un coup d’épée dans l’eau. Pourtant, c’est à l’international que l’histoire bascule.
La révélation a lieu à Cannes, dans la section "Un Certain Regard". Là, Tarantino captive critiques et cinéphiles européens, fascinés par son mélange inédit de dialogues pop, de violence sèche et de narration éclatée. Rapidement, la France, l’Italie et le Royaume-Uni adoptent le film comme un manifeste du cinéma indépendant des années 90.
Si le grand public américain découvre vraiment Tarantino avec Pulp Fiction deux ans plus tard, Reservoir Dogs s’est imposé en Europe comme une œuvre culte bien avant. Grâce au marché de la VHS, il devient un film de chevet pour toute une génération de cinéphiles et d’étudiants en cinéma.
Aujourd’hui, il figure dans les classements des plus grands premiers films de l’histoire et reste étudié dans les écoles, preuve qu’un « petit film » peut conquérir la planète.
IMDB 8.3/10 | ALLOCINE 4.5/5 |
METACRITIC 8.5/10 METASCORE 81/100 | SENSCRITIQUE 7.9/10 |
ROTTEN TOMATOES 4.4/5 94% d'avis positifs | CINETRAFIC 4/5 |
Résultat au box office :
Budget : 1,2 M$
Recette : 44,2 M$
Rentabilité : 3 689 %
Laissez-vous tenter et revenez nous donner votre ressenti juste en dessous ;).
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