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Photo du rédacteurSly Leon

L'ARMÉE DES OMBRES

Dernière mise à jour : 10 janv. 2023


Le film incontournable de Melville

1M d'entrées en 1969, c'est un beau score !


L'Armée des Ombres

Un film de Jean-Pierre Melville

  • Année : 1969

  • Sorti le : 12 septembre 1969

  • Durée : 2h20m / 140min

  • Genre(s) : Drame, guerre

  • Nationalité(s) : Français, Italien

  • Distributeur : Dulac Distribution

  • Récompenses : .. Prix et .. Nominations / aucun


Budget : ?? M$

Recette : ?? M$

Rentabilité : ... %



Retrouvez les stars : Lino Ventura, Paul Meurisse, Jean-Pierre Cassel, Simone Signoret, Claude Mann, Paul Crauchet, Christian Barbier, Serge Reggiani, André Dewavrin, Alain Dekok, Alain Mottet, Alain Libolt, Jean-Marie Robain, Albert Michel, Denis Sadier, Marco Perrin, Jeanne Pérez, Nathalie Delon


Le synopsis :

France 1942. Gerbier, ingénieur des Ponts et Chaussées est également l'un des chefs de la Résistance. Dénoncé et capturé, il est incarcéré dans un camp de prisonniers. Alors qu'il prépare son évasion, il est récupéré par la Gestapo...


La bande annonce



La chronique de Sly

| Copyright Lino Ventura dans L'Armée des ombres Films Corona-Fono Roma


L'armée des Ombres, de Jean-Pierre Melville (1969)


Attention Spoil !
Si vous ne l'avez pas vu, revenez une fois que c'est fait !


Melville, faits de résistances !



S'il y a bien un film de Jean-Pierre Melville qu'il faut avoir vu, c'est bien celui-ci. L'armée des Ombres, un projet qu'il a porté durant 25 années, des souvenirs marquées à jamais dans sa mémoire et un sujet, celui de la résistance qui lui tenait à cœur de transposer sur grand écran pour transmettre un vécu tout en adaptant le chef-d'œuvre éponyme du romancier Joseph Kessel.


Lourd de sens et premières images frappantes !


Il y a une séquence très forte, une séquence qui renvois à des souvenirs douloureux. C'est au début du film que J.P Mellville à fait le choix de l'utiliser. Une séquence qui lui a valut une demande d'autorisation pour faire porter l'uniforme Allemand à de nombreux figurants afin de réaliser un plan lourd de sens, je je dirais même, très lourd de sens et une première image frappante.

En effet, le choix est audacieux et fera beaucoup parler. Sa volonté était de faire marcher une unité Allemande, tambour bâtant, de la place de l'étoile et de leur faire descendre les Champs-Élysées...l'autorisation, il l'a eu et il l'a fait !

Le plan large et fixe sur l'Arc de Triomphe, tout un symbole pour ce monument emblématique rappelant les victoires de l'armée française sous l'Empire Napoléonien. Mais, l'image va rapidement se transformer en un plan serré alors que la caméra n'a pas bougé, c'est l'avancé de l'armée Allemande n'offrant aux téléspectateurs qu'une vue étriqué d'une section marchant sur Paris, ne laissant aucune autre issue à notre regard.

Si ce plan séquence, n'est pas une volonté de faire comprendre l'effroyable sentiment de douleur vécu ! qu'en est-il !?

Loin des films traditionnels sur l'héroïsme de la résistance, Melville met surtout en avant, une poignée d'hommes et offre la parole à son personnage phare, Philippe Gerbier, comme narrateur des faits de son histoire, incarné par un Lino Ventura exceptionnel ! Le coté narratif offre comme un regard sur l'évolution des évènements, une rétrospective des actions menées ou encore, des pensées à voix hautes.


Suite, à une première évasion dans les locaux de la gestapo, Philippe Gerbier, n'a fait qu'accroitre les soupçons sur son appartenance à la résistance. Il va devenir la personne la plus recherchée.


Jean-Pierre Melville a pris soin de montrer toutes les difficultés à trouver des planques leur permettant de mener à bien leurs opérations d'évacuations (Théâtre à Lyon) et l'impossibilité de circuler librement avec l'arrivée du train en gare de Paris et le barrage sur le quai par la police qui demande une fouille systématique des bagages, empêchant par tous les moyens possible, le passage d'individus sensiblement recherchés et le transport de produits destinés au marché noir.

Ce jour là, une milice Allemande est omniprésente, aux aguets et Jean-François, campé par un Jean-Pierre Cassel en pleine force de l'âge, le regard inquiet, réussi à passer ce premier rideau d'uniforme en usant de filouterie. Il faut avouer qu'aider une maman seule en portant un de ses enfants, est assez ingénieux. Qui arrêterait un papa avec son enfant dans les bras ?

Cependant, il n'y échappera pas, quelques instants plus tard une fois la petite redéposé à la main de sa mère... il se faufile et rejoint les couloirs du métro pour trouver une sortie en toute confiance.

Scène oubliable pour le coup, puisque il ouvre sa valise, entrouvre une petite mallette qui se trouve être à l'intérieur, sur demande du policier, donne le nom de l'appareil, une TSF ([Abrév. de télégraphie sans fil désignant des procédés de télégraphie et de téléphonie basés sur l'utilisation des ondes hertziennes] et la referme sans être inquiété une seule seconde. J'ai pas compris, ou alors, il est tombé sur une policier faisant parti de la résistance...


Autre fait marquant, avec une scène surprenante de part sa facilité ! Quand Gerbier est capturé et emmené dans un tunnel, un champs de tire, avec d'autres prisonniers. Tenu en joug par quelques soldats muni de plusieurs mitraillettes, l'officier Allemand leur ordonne de courir afin de les tirer comme des lapins.

Pareil, j'ai trouvé cette scène un peu exagéré. lors que la tension était à son comble, Gerbier se pensait résigné à en finir, refusant de courir. Forcé, il rattrape les hommes partis avant lui et se voit offrir un échappatoire avec une facilité déconcertante. Cette séquence reste intense parce qu'on sent l'étau se resserrer.


On se rend compte que rien n'était facile et même au sein de la résistance. Quand les intérêts communs sont bousculés, remis en cause par des obligations ou intérêts personnels, une veste se retourne très facilement ! C'est le cas de Paul, jeune résistant qui balance Philippe Gerbier; on ne sait pourquoi il l'a fait, mais on le devine assez facilement.

De même pour Mathilde, campée avec beaucoup d'aisance par la grande Simone Signoret, suspectée de trahison par ses pairs et dont le sort sera décidé en un claquement de doigt...


Quand je vous dis que L'armée de Ombres offre une vision totalement différente de l'héroïsme et du patriotisme traditionnellement mis en avant (Paris brûle-t-il ?, par René Clément - 1966) ou plus récemment, quoi que 20 ans quand même ^^, (Monsieur Batignole de Gérard Jugnot - 2002), c'est qu'il y a vraiment une autre ambiance, quelque chose de spécial.

Ce que je veux vous démontrer par vision différente, c'est qu'il n'y a aucune pitié, aucun pardon, même dans les rangs des résistants et que, l'homme aussi pure et gentil soit-il et peu importe la cause qu'il défend aussi belle et légitime, est capable des pires horreurs, tuer de sang froid une personne, qui l'a pourtant beaucoup aidé, je parle ici, bien évidemment de Mathilde.


La suite tout le monde là connait.

Si tous ces hommes et femmes ne s'étaient pas battus, où serions nous aujourd'hui ?


Avec le temps, et malgré les critiques de l'époque, L'armée des ombres est devenu une œuvre inoubliable et incontournable dans la filmographie de Jean-Pierre Melville et surtout dans l'histoire du cinéma Français.


Sylvain Léon

Le 12 janvier 2018

Une appréciation personnelle de 17/20, pour la sobriété de la mise en scène et le thème abordé...



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