Adapté du petit bijou littéraire de John Green, Nos Etoiles contraires n’arrive malheureusement pas à la cheville de son roman-source. Or, ça n’en fait pas un mauvais film, loin s’en faut ! Nos Etoiles contraires peut se targuer d’aborder, à l’instar du livre, de bien tragiques histoires avec une fraîcheur des plus réjouissantes. Hazel et Angustus, deux jeunes ados, sont tous les deux atteints de la maladie du siècle : le cancer.

Aussi dépressifs que pleins de vie, ils vont lier connaissance, se voir et se décevoir, partir en voyage et s’aimer comme ça n’arrive qu’une fois dans une vie. Mais l’épée de Damoclès menace chaque jour, chaque décision, chaque pas qui plie de douleur, emplit les poumons d’un liquide qui n’a rien à y faire, ou provoque des vomissements qui ne sont pas de bon augure en pleine rechute. Le temps est compté pour l’un ou l’autre, et ils le savent : leur nouveau credo est de profiter le plus possible du temps qu’il leur reste ensemble. A leurs risques et périls.

 

Augustus a cet air de séducteur sûr de lui, un brin insolent, bien cliché et pourtant fort charmant. Hazel est cette jeune fille humble et souriante, pleine de vie bien que mourante, souvent gaie malgré sa condamnation. Lorsque les deux engeances se rencontrent, l’intensité est au beau fixe presque dès les prémices de leur relation. Une rencontre d’âmes-sœurs qui fige le temps et donne sens à des phrases du roman telles que : « j’avais l’impression que ça faisait des siècles, comme si on avait déjà vécu une éternité ensemble. Brève mais toujours infinie. Certains infinis sont plus vastes que d’autres ».

La franchise des personnages décoiffe autant que dans le livre, avec le mérite cette fois de pouvoir mettre un visage sur ces noms et ces larmes qui ne manqueront pas de couler. Et pourtant, si le thème est triste, le film ne l’est pas. Plein d’espoir, d’amour et de vérités frappantes sur la vie comme sur la mort, Nos Etoiles contraires est d’une joliesse sans pareil. Les acteurs sont justes, parfois un peu trop même, car ils touchent le spectateur dans ce qu’il a de plus intime, de plus profond, de plus inavouable.

 

La dépression y est abordée sans fard, assumée et même assénée non pas comme une malédiction, mais comme une conséquence inévitable de « vivre ». Augustus, qui tombe rapidement amoureux d’une Hazel moins rapide en besogne mais clairement sous le charme, fait tout son possible pour la faire chavirer. Voyage, humour, compréhension mutuelle sont autant de façons de vivre pleinement leur relation, ce qui ne manquera pas de parler à tout un chacun parmi les spectateurs.

Car c’est ce qu’ambitionnait John Green, auteur de l’œuvre-source ; parler du cancer sans parler de cancer, c’est-à-dire vivre sans se rappeler en permanence que l’on est tous condamnés, certains plus prochainement que d’autres.

 

Loin derrière le roman, véritable perle qui vous fera prendre note de quelques phrases mémorables, Nos Etoiles contraires est pourtant un très beau film porté par des acteurs étonnants. Le rythme, les répliques, les mimiques et les situations vous feront tantôt éclater de rire, tenter vous inquiéter, tantôt pleurer avec les personnages. La recette fonctionne, même si, comme souvent, rien ne vaut de lire le livre d’abord.

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Une belle adaptation quand même, qui sonne le glas des atermoiements et du désespoir face à la maladie et se présente comme une ode à la vie et à la joie de vivre.

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Mathilde Esperce