LA VIDEOTEK

​

Torturé et percutant !

​

 

   Marc Fouchard, réalisateur et scénariste, signe là son deuxième long métrage. Après Break en 2018, une comédie dramatique sur les thèmes de la danse et la quête d'identité, le réalisateur change radicalement de style et nous propulse dans une histoire très noire. Hors du Monde, se veut un "tantinet" plus sauvage avec un scénario très sombre, percutant et torturé. 

​

Percutant, parce qu'il fallait oser nous faire suivre Léo, ce prédateur en quête constante de ses prochaines proies. Hors du monde est percutant aussi par la qualité de sa mise en scène, un montage cousu de fil noir, les images s'entremêlent, offrant une tension pesante et prenante, nous laissant constamment dans le doute sur les intentions, les actes, le réel ou pas. Et là, je dis chapeau bas !  

​

Hors du monde torture l'esprit, il en est presque malaisant. Un sentiment provoqué par la prestation hallucinante de son casting. Et croyez-moi ! La performance de Kevin Mischel est vraiment énormissime, il s'est littéralement et psychologiquement transformé pour incarner ce prédateur. Un brin de folie, de mystère, personnage au regard noir, un charisme terrifiant. Allez, je prendrais même la liberté de comparer sa prestation à celle de Joaquin Phoenix dans A beautiful Day. de Lynne Ramsay (2017). (Ah, ça va lui plaire à Kevin !)

Elle est tout aussi étonnante, Aurélia Poirier, que je découvre pour la première fois, dans la peau d'Amélie, la jeune femme au visage d'ange, atteinte de surdité et danseuse, captant la musique et son rythme grâce aux vibrations, un handicap qui la coupe un peu du monde. 

Voilà deux âmes, deux vies tourmentées, totalement différentes et pourtant leur chemin vont se croiser.

​

Hors du monde est un thriller sombre, violent et psychologiquement très dur. Mais il y a aussi une forme de pureté, par sa cohérence omniprésente, le lien au problème de communication de nos deux personnages, le lien à la musique qui provoque cette rencontre. Il y a la danse aussi, qui dans ce contexte si particulier, permet d'adoucir un tant soit peu, la noirceur du film.

Et parce qu'il n'y pas de cinéma sans musique, vous allez découvrir des mélodies enivrantes, des notes qui resonnent, certains morceaux sont vraiment superbes, ils subliment et apportent une intensité extraordinaire aux scènes les plus marquantes.  

​

La bande originale est signée Cyesm (Pascal Boudet) et elle accompagne à merveille tout le film. 

​

Sérieusement, je n'avais encore jamais vu aussi perturbant et électrisant dans le catalogue du cinéma Français. Le dernier en date qui était venu me chercher, dans le même registre mais beaucoup plus soft, c'est Roman de gare de Claude Lelouch (2007).

La mise en scène d'Hors du monde est vraiment troublante, elle nous cloue dans le fauteuil passager et nous embarque avec Léo, dans sa berline. Limite, elle vous rend presque complice de ce qu'il va se passer. Franchement, vous allez adorer le détester, c'est certain !

​

Avant de conclure, il n'est pas rare de voir des films du point de vu du tueur, Hitchcock est assurément le précurseur d'un genre qui aura inspiré bon nombre de réalisateurs, c'est le maître incontesté du thriller.

Depuis, vous avez vu le grand American Psycho, de Mary Harron sorti en 2000, un grand classique du genre et pour ne citer qu'eux, il y a Le Parfum : Histoire d'un meurtrier, de Tom Tykwer sorti en 2007, qui est pas mal dérangé aussi et malgré tout, il y a une vraie puissance qui se dégage de ces longs métrages... 

Alors, ne soyez pas outrés par la violence, qui peut choquer, c'est incontestable, mais il y a tellement d'autres aspects, thématiques, à analyser pour comprendre toute la complexité des messages cachés derrière un long métrage comme Hors du monde.

​

Marc Fouchard l'a imaginé, il l'a écrit et réalisé, Hors du monde va vous filer des sueurs froides.

Un bon thriller psychologique à l'atmosphère poisseuse qui va vous mettre la cervelle à l'envers pendant quelques heures après le visionnage !

​

​

Sylvain L.