Ce film mythique aura marqué de façon indélébile l’histoire du Septième art. Sa chute finale inoubliable est bien connue, mais nous ne manquerons pas de ne pas vous spoiler. Le cheminement qui amène à découvrir la dernière révélation est tout aussi envoûtant, laissant le spectateur entre les mains du psychologue pour enfants Malcolm Crowe, qui prend en charge le jeune Cole. Ce gamin de 9 ans a des comportements inquiétants : une lubie pour les lieux de culte, des tiroirs qu’il ouvre de façon pathologique et des inquiétudes troublantes qui ne rassurent pas sa mère.

Lorsqu’il déclare, à la fin toute fin du film, que sa grand-mère décédée passe le bonjour à sa mère, fille de la défunte, le chef d’œuvre est derrière nous ; tenu en haleine, effrayé et surpris plus d’une fois, le spectateur ne peut qu’applaudir ce coup de génie qu’est le film le plus réussi de M. Night Shyamalan (Incassable/Split/Glass, Signes, Le dernier maître de l’air, Phénomènes, The visit…).

 

Cole est donc ce petit garçon qui vit seul avec sa mère. La lumière est feutrée, l’ambiance vaguement inquiétante, sans plus. On découvre les deux autres protagonistes principaux ; Malcolm, ce pédopsychologue dont le souvenir le plus marquant restera à jamais ce jeune adulte qui s’est retourné contre lui d’une balle dans la poitrine à défaut d’avoir trouvé un traitement convenable, et la mère de Cole. Cette femme normale, seule, est à bout de nerfs : son garçon est pris de lubies envahissantes et lui fait peur à elle-même, car il semble habité par des préoccupations anormales voire surnaturelles

Malcolm commence donc le travail avec Cole, le faisant parler, lui faisant révéler ses secrets au fur et à mesure qu’on partage le quotidien de cette petite famille, du petit déjeuner aux sorties, des discussions aux cauchemars terrifiants de Cole, qui se retrouve dans les couloirs de son école où ils voient, pendus, des cadavres habillés façon XVIIIe siècle. Plus tard, sa mère et lui entendront la sirène des pompiers sur la route et Cole apercevra un cycliste défiguré laissant se demander comment il peut encore bien être en vie avec la tête dans un tel état. Ces images, fulgurantes et inattendues, marquent au fer rouge l’imaginaire du spectateur et ce petit garçon innocent qui mettra un moment avant de révéler un secret qui fera la notoriété du film.

 

L’image et les cadrages sont drôlement bien travaillés, et croisent le fer avec le jeu d’acteur d’un jeune comédien surdoué qui n’aura guère d’autres occasions de s’illustrer pareillement. Bruce Willis endosse également parfaitement un rôle qui lui va comme un gant, en mari martyr qui subit l’éloignement et le mutisme quasi-total de sa femme à mesure qu’il s’investit dans cette thérapie.

L’entrecroisement de récits secondaires, sorte de petites quêtes annexes qui distillent quelques indices sur les deux révélations du film, entretient un rythme agréablement ponctué.

À la lisière du film d’horreur, Le Sixième sens convoque aussi quelques règles impondérables du genre.

 

Shyamalan n’aura plus à faire ses preuves en tant que cinéaste ; le Sixième sens fait irrémédiablement parti des 100 films à voir avant de "mourir" ! Nombreux sont les spectateurs qui n’ont pu s’empêcher de revoir le film à l’aune des twists finaux…

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Mathilde Esperce