À L'AVEUGLE
- Sly Leon
- 21 sept.
- 4 min de lecture
Et si le vrai suspense d’un thriller ne venait pas des courses-poursuites ou des coups de feu, mais de ce que l’on croit voir à l’écran ?
Découvrez dans ma chronique ce qui différencie le film de Xavier Palud, À l’aveugle, des autres thrillers plus conventionnels.
La réponse à cette question, est dans la chronique.
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À L'AVEUGLE
Un film de Xavier Palud
Année : 2012
Titre original : ...
Sorti le : 07 mars 2012
Durée : 1h 34min / 93 min
Genre(s) : Thriller
Scénario : Éric Besnard
Nationalité(s) : Français
Société(s) de production : EuropaCorp, France 2 Cinéma
Distributeur : EuropaCorp. Distribution
Récompense(s) : Néant
Tous publics
Thématique et sujets abordés | Les émotions |
La perception et le doute, Le mensonge des apparences, La justice et l’enquête | Tension sourde, Inconfort, Curiosité, Frustration légère |
Retrouvez les stars : Jacques Gamblin, Lambert Wilson, Raphaëlle Agogué
Le synopsis :
Le cadavre mutilé d’une jeune femme est retrouvé à son domicile. Pas d’effraction, pas de témoin : le crime est parfait. L’enquête est confiée au commandant Lassalle, un flic expérimenté et solitaire, détruit par la mort de sa femme. Alors que d’autres meurtres tout aussi sanglants sont perpétrés, Lassalle est intrigué par la personnalité d’un aveugle, Narvik. Mais l’alibi du suspect est plausible et son infirmité le met hors de cause. Un étrange duel, telle une partie d’échecs, s’engage alors entre les deux hommes.
Pour voir ou revoir
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La bande annonce
L'analyse de Sly

À l’aveugle, de Xavier Palud - 2012
À l’aveugle
l’élégance formelle au service d’un thriller trop sage.
Sorti en 2012, À l’aveugle, réalisé par Xavier Palud, se présentait comme une promesse rare dans le paysage du polar français : un thriller atmosphérique qui joue davantage avec la perception et les zones d’ombre qu’avec les explosions et les courses-poursuites. Sur le papier, un pari excitant. Mais qu’en reste-t-il une fois les lumières rallumées ?
Un thriller qui séduit par son ambiance
Dès les premières minutes, le film s’installe dans une esthétique soignée. Palud maîtrise ses cadres : plans serrés, décors oppressants, éclairages contrastés… Tout est conçu pour que le spectateur doute de ce qu’il voit. La lumière devient un personnage à part entière : elle cache, révèle, trompe, et nous force à scruter l’écran à la recherche d’indices.
Comme dans Anthony Zimmer (2005), on retrouve ce côté polar « stylisé » où chaque plan cherche à capter l’attention sans tomber dans le spectaculaire.
Le parti pris narratif est aussi intéressant : le film avance comme un puzzle. Chaque scène livre une pièce, mais jamais le tableau complet. Ce procédé oblige le spectateur à jouer un rôle actif, à reconstituer l’intrigue par lui-même. Une idée qui, sur le principe, donne au film une vraie singularité. Mais il faut que ça décolle...
Là où le bât blesse
Là où À l’aveugle séduit par son atmosphère, il peine en revanche à maintenir une intensité dramatique à la hauteur de ses ambitions. On sent bien que Xavier Palud cherche à jouer sur le suspense mental plutôt que sur la surenchère visuelle.
L’intention est louable : faire du spectateur un enquêteur à part entière, l’amener à guetter chaque indice dans le cadre, à questionner ce qu’il perçoit ou croit percevoir. Mais à trop vouloir entretenir le mystère, le film finit parfois par manquer de rythme.
Certaines scènes, pourtant soignées dans la mise en scène, peinent à délivrer le crescendo attendu.
Là où un polar comme 36 Quai des Orfèvres d'Olivier Marchal, jouait sur des explosions de tension brute, À l’aveugle choisit de rester dans la retenue.
Résultat : le spectateur se retrouve parfois frustré, attendant un basculement qui tarde à venir.
Autre point : le film s’appuie sur une narration très découpée, comme un puzzle, où les éléments se dévoilent au compte-goutte. Ce choix pourrait fonctionner parfaitement si chaque pièce apportait une révélation forte. Mais ici, certains indices semblent anecdotiques, ou du moins insuffisamment exploités. Là encore, l’idée est séduisante sur le papier, mais dans l’exécution, elle produit une impression de “trop sage”, comme si le récit refusait de prendre le risque du grand vertige.
Enfin, si le film soigne ses intentions visuelles, il peine à leur donner une vraie densité dramatique. La lumière, les cadrages serrés, l’utilisation des ombres : tout cela est impeccable… mais parfois trop démonstratif. À force de travailler le style, À l’aveugle perd un peu de cette chair dramatique, ce grain de folie qui transforme un bon polar en expérience marquante.
Une curiosité plus qu’un classique.
Au final, À l’aveugle est un film frustrant : une belle enveloppe, mais un contenu trop frileux. Il aurait pu s’inscrire dans la lignée des grands thrillers psychologiques, mais il reste en retrait, comme s’il n’osait jamais franchir le pas.
Cela ne veut pas dire qu’il est à éviter : au contraire, il mérite d’être vu pour son ambiance, son esthétique et pour la volonté de Xavier Palud de proposer un thriller qui s’éloigne du spectaculaire facile. Mais il faudra l’aborder comme une curiosité plus que comme une référence.
À l’aveugle n’est pas un mauvais film, loin de là. Plus soigné et ambitieux qu’un polar lambda façon téléfilm, il propose une mise en scène raffinée et une vraie ambiance. Mais il n’a pas la puissance émotionnelle ou dramatique nécessaire pour rejoindre les sommets du thriller.
Les amateurs de film à énigme, apprécieront et les autres resteront sur leur faim, en se disant que le cinéma français avait peut-être une carte plus audacieuse à jouer.
Sylvain Léon
Le 21 septembre 2025
Une appréciation personnelle de 12/20, un petit thriller trop simple pour moi.
La notoriété
À l'Aveugle est sorti le 07 mars 2012 et a cumulé 230 441 entrées en France.
La critique a été partagée : certains ont salué l’ambiance sombre et la photographie soignée, d’autres ont reproché un scénario convenu et un manque de tension par rapport à ses ambitions.
IMDB 5.7/10 | ALLOCINE 2.7/5 |
METACRITIC /10 METASCORE de /100 | SENSCRITIQUE 4.9/10 |
ROTTEN TOMATOES /5 % d'avis positifs (10 avis) | CINETRAFIC 2.7/5 |
Résultat au box office
Budget : 9M€
Recette : 1.9 M$
Rentabilité : 22 %
Un FLOP commercial
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