Les Misérables, Ladj Ly - 2019

Les  misérables de Ladj Ly deviendra avec le temps un film culte, un statut qu'il va gagner pour la puissance de ses images, pour les messages, pour sa volonté de décrier une réalité accablante, celle des quartiers livrés à eux-mêmes pendant des années, où les habitants considèrent avoir été complètement abandonnés par l'état. Il gagnera ce statut dans le cœur d'une minorité, très certainement, au même titre que son aîné, La Haine de Matthieu Kossovitz, même si le seul dénominateur commun est cette jeunesse errante en manque de point de repère.

Ladj Ly apporte une vision pas vraiment différente que celle que l'on a pu découvrir au travers des médias TV, pendant des années, des images négatives de la banlieue, ici Montfermeil dans le 93, généralisant ainsi la crainte, la pauvreté et l'ignorance.  

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La vérité est là, pointé du doigt par un réalisateur qui raconte ce qu'il a vu, vécu, à plus ou moins grande échelle, mais il choisit à la surprise générale de le faire du point de vue d'un flic de la BAC fraîchement débarqué suite à une demande de mutation.

L'histoire qui est racontée dans ce long métrage, au titre provocateur qui ne peut que nous rappeler l'oeuvre de Victor Hugo, n'est qu'un grain de sable, une image globale de la réalité, un message de plus montrant la souffrance d'une population face au mépris de l'état, et croyez-moi, la colère se ressent... 

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"Dans les "cités", il y a aussi des images positives à montrer..."

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Alors, ce n'était pas l'objectif du long métrage, effectivement, mais c'est un reproche qu'on pourrait faire au réalisateur. 

Certes, il y a cette foule en liesse, ce moment de gloire généré par un résultat sportif médiatisé, la coupe du monde de football. Une victoire pour tout un pays, qui a rassemblé et fait sortir la population dans la rue pour fêter l'événement.

Il film la joie et l’engouement, sa caméra à l'épaule, rien ne lui échappe, la mixité est là, peu importe notre culture, notre religion, notre couleur de peau, le bonheur se propage...

Le contraste avec la suite est probant, et affiche clairement le but de son film. Malgré tout, il y a, dans les cités, pas que du négatif, les associations, qu'elles soient sportives, de loisirs, aides aux familles ou même culturelles, font un travail de dingue pour animer leur quartier, et bien souvent, ce sont "les aînés", les personnes ayant eux-mêmes grandit dans la cité, qui œuvrent pour éviter justement que les plus jeunes soient livrés à eux-mêmes et suivent un mauvais chemin. Mais comme je l'ai dit précédemment, le sujet n'est pas là...

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Le réalisateur a mit en avant sa fiction dans un contexte assez particulier. Il a beau rappeler les débordements incessants des jeunes de quartier, il souligne aussi le comportement loin d'être exemplaire de certains Policier de la Brigade Anti-Criminalité, appelé plus communément la BAC. 

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Dans Les Misérables, impossible de prendre parti pour les uns ou les autres, et c'est sûrement ce que Ladj Ly a réussi le mieux à retranscrire. Il a gardé son objectif en ligne de mire, celui de montrer ce climat de défiance constant, rendant difficile aussi bien le travail des forces de l'ordre, comme le quotidien des habitants. On comprend très rapidement qu'un engrenage de tension dure depuis trop longtemps. Une tension entretenue volontairement par principe, pour forcer le respect au détriment d'un manque certains de dialogues.

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Une solution est apportée dans le film avec le rôle de Stéphane, dont l'interprétation de Damien Bonnard, ne vous laissera pas indifférent. Stéphane Ruiz, arrive tout juste de Cherbourg, on ne peut pas dire qu'il ai choisi le meilleur environnement pour une mutation, sauf s'il voulait mettre un peu d'action dans sa vie, mais la raison sera expliquée dans le film.

Sa rencontre avec ses nouveaux coéquipiers, Chris (Alexis Manenti) et Gwada (Djebril Didier Zonga), ne va pas être de tout repos. A peine débarqué, qu'il se voit déjà affublé d'un surnom, "Pento", voilà comment son chef de Brigade, Chris, qui ne le connait même pas, va l'appeler. Gwada, quant à lui semble plus réservé, c'est lui qui conduit, mais rigole bien des vannes de son collègue. 

Chris est la tête brûlé, le chef un peu rustre et constamment dans la provocation. La première sortie en voiture pour cette brigade, risque de choquer plus d'un spectateur, et pourtant, le contrôle au hasard, ( délit de faciès ) est une pratique courante. Seulement, le brigadier Stéphane Ruiz, semble plus entrain à faire respecter l'ordre d'une manière plus conventionnelle, du moins, en respectant les procédures.

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L'écriture est cru, faite de violence verbale, voire physique. Aucun tabou, ni filtre, la mise en scène est assez brut et nous plonge au cœur des investigations de nos trois protagonistes au service de l'ordre. 

Le dérapage est attendu, les rebondissements s'enchaînent, une suite logique face à cette situation difficile, mal gérée sûrement, provoquée, peut-être !.

Entre prise de conscience et crainte de représailles, il n'y a qu'un pas, vont-il faire le bon choix ? Le mieux, pour comprendre, c'est de voir le film !

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Il y a un vrai message dans ce long métrage, une morale destinée aux forces de l'ordre et aux jeunes de banlieues, à chacun de l’analyser, de se rendre compte jusqu’où, un simple fait divers peut engendrer une haine rageuse.

Ladj Ly, va devenir une "icone", un exemple pour tous ces jeunes qui pensent vivre à l'écart de la société. 

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Les misérables est une réussite ! 

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Deandra L. et Sylvain LEON