Un western d'un autre temps et une master-class du maître Eastwood.
IMPITOYABLE
(Unforgiven)
Un film de Clint Eastwood
Année : 1992
Sorti le : 12 septembre 1992
Durée : 2h 11min / 132min
Genre(s) : Western, Drame
Nationalité(s) : Américain
Distributeur : Warner Bros.
Récompense(s) : 7 prix et 20 nominations (dont 4 oscars)
Budget : 14.4 M$
Recette : 159 M$
Rentabilité : 1 105 %
Retrouvez les stars : Clint Eastwood, Gene Hackman, Morgan Freeman, Richard Harris, John Pyper-Ferguson, Saul Rubinek, Jaimz Woolvett, Frances Fisher, Anna Thomson (Levine)
Le synopsis :
Kansas 1880. William Munny, redoutable hors-la-loi reconverti dans l'élevage va, à la demande d'un jeune tueur, reprendre du service pour venger une prostituée défigurée par un cow-boy sadique.
La bande annonce
La chronique de Sly
| Copyright 1992 Warner Bros.
Impitoyable, de Clint Eastwood (1992)
Le western crépusculaire remis au goût du jour par Clint Eastwood !
Le "western crépusculaire" c'est très largement inspiré du "western spaghetti". Les cowboys censé être de parfaits héros sont en fait, des antihéros par excellence. La différence qu'il y a avec leur ennemi tient parfois dans un mouchoir de poche. Leur morale, s'il y en a une, est faite d'ambiguïté constante, leurs agissements passés ne valent certainement pas mieux que ceux qu'ils combattent.
Dans une grande généralité, la violence et l'atmosphère poisseuse sont des éléments essentiels à la conception de ces westerns.
La genèse
Longtemps resté dans le fond d'un carton, ce scénario de David Webb Peoples, auteur de Blade runner et Leviathan, fut dans un premier temps délibérément écarté par l'équipe en charge d'étudier les nouveaux scripts fraîchement arrivés au sein de la société de production Malpaso dont Clint est le fondateur, le jugeant trop violent.
Seulement, Clint Eastwood ne le voyait pas de cet œil-là ! voulant absolument interpréter le personnage principal, il a attendu d'atteindre l'âge du protagoniste William Munny pour entamer son tournage.
Sans Clint Eastwood, pas de Gene Hackman.
Gene Hackman, avait dans un premier temps, lui aussi refusé le script. Mais c'était sans compter sur le pouvoir de persuasion de Clint qui l'a convaincu de rejoindre le casting, lui offrant un rôle qui lui a tout de même permis de rafler un Oscar.
Un Western sombre dans les faits et sobre dans son exécution !
Le succès de ce western, est étroitement lié à la complexité des personnages interprétés par des acteurs et actrices de renommés internationale.
William Munny, campé avec brio par un Clint Eastwood en état de grace, était avec son compère Ned Logan (Morgan Freeman) des hors-la-loi sans vergogne.
Nous assistons à des retrouvailles cocasses par leurs maladresses respectives tout en conservant en ligne de mire le côté sérieux et sombre du film.
C'est dans une vie désormais bien rangée, que Munny, veuf isolé, éleveur de porc avec l'aide de ses enfants dans une petite ferme reculée.
Une vie paisible, mais pas pour longtemps. Le vieux Munny va se retrouver face à son passé en faisant la rencontre d'un jeune cowboy, Schofield "Kid" dont l'interprétation de Jaimz Woolvett n'aura d'égale que son mensonge, loin d'être inefficace, mais largement effacé par l'ombre de nos trois monstres sacrés du cinéma présent à l'affiche. En effet, Le kid vient à la rencontre de Munny dont les exploits d'un passé pas très glorieux ont fait écho dans les oreilles du jeune cowboy, lui donnant l'idée saugrenue de le retrouver et de lui proposer de l'aider dans sa mission.
La tension monte dans cette scène, Schofield agite son revolver sous le nez du retraité pour le forcer à accepter sa demande, mais après un refus catégorique, le Kid s'en va.
Pris de remords, William Munny se ravise, ressort son arme de poing et tente désespérément de toucher une vielle boîte de conserve situer à quelques mètres seulement de sa position, en vain. Il comprend qu'il a perdu la main, mais finit par seller son cheval et partir ainsi sur les traces du Kid, laissant derrière lui ses enfants et sa ferme.
Une mission noble que William Munny va vouloir partager avec son acolyte de toujours, Ned. Nos deux protagonistes ne tardent pas à remonter en selle. Entre Munny qui arrive tout juste à remonter à cheval et Ned qui tremble quand il faut se servir du fusil, on pourrait vite croire à une mission suicide.
En 1880, dans une Amérique de l'ouest crasseuse à souhait, où les cowboys était tous plus impétueux les uns que les autres, sans fois ni loi et où la femme n'était absolument pas considérée, à part en objet sexuel et en "punching-ball", parce qu'il y a bien un sujet plus qu'important dans ce film, c'est celui de la place de la femme dans un monde de brute épaisse dans une période bien distincte de l'histoire.
Alors, Clint donne du crédit à son personnage malgré un passé douteux qu'on découvre au fur et à mesure, c'est un peu comme-ci, il se mettait en quête d'une rédemption dans sa volonté de défendre la cause de cette femme qui s'est faite défigurer par un cowboy répugnant et ultra violent.
Il prend à cœur sa mission, au départ pour la récompense promise et se mettre à l'abris financièrement, puis un peu par vengeance.
L'entrée en scène du sheriff Little Bill Dagett, incarné avec toute l'aisance qu'on lui connaît par un Gene Hackman en état de grâce, dans un rôle atypique, va pimenter ce long métrage. Un sheriff assoiffé de pouvoir, corrompu et totalement imbu de sa personne, va se retrouver nez à nez avec son bourreau et de suite la magie du western opère. Un duel détonnant !.
La violence n'a pas de limite, et pourtant Clint ne sombre pas dans l'Impitoyable et n'abuse pas des codes, comme Tarantino peu le faire avec Django Unchained ou Les 8 salopards.
Clint est revenu à un style qui a fait ses heures de gloire, dans une période où les films de notre réalisateur, ne faisait plus l'unanimité au box-office, exemple: Firefox L'arme absolue 1982, Pâle Rider 1985, Le maître de guerre 1986 ou encore La relève en 1990. Des films qu'on adore, mais n'ont pas marché aussi bien pour la machine à sous hollywoodienne nommé Warner.
On en était arrivé au point où, la Warner semblait ne plus croire en lui et ne lui proposait pas de renouvellement de contrat.
Le succès n'était plus attendu, mais le carton au box-office, dans les salles Américaines, à fait d'Impitoyable un film à part. En France, le compteur frôle les 800 000 entrées, mais il a gagné ses galons avec le temps, jusqu' à devenir un western incontournable dans la carrière de Clint et dans la vidéothèque des plus cinéphiles d'entre nous.
Impitoyable est devenu une œuvre culte, un western dramatique sombre et sobrement efficace !
C'est toujours un plaisir au visionnage et les 4 oscars sont amplement mérités.
Sylvain Léon
Le 25 juillet 2022
Une appréciation personnelle de 17/20, un casting majestueux !
Dans mon TOP100 des films qu'il faut absolument découvrir.
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