Un film mal aimé et pourtant !
AU CŒUR DE L'OCÉAN
(In the Heart of the Sea)
Un film de Ron Howard
Année : 2015
Sorti le : 9 décembre 2015 .
Durée : 2h 02min / 122min
Genres : Aventure, Fantastique, Drame
Nationalité(s) : Américain
Distributeur : Warner Bros.
Récompense(s) : aucune
Budget : 100 M$
Recette : 93.9 M$
Rentabilité : 94 %
Retrouvez les stars : Chris Hemsworth, Benjamin Walker, Cillian Murphy, Tom Holland, Ben Whishaw, Brendan Gleeson, Charlotte Riley
Le synopsis :
Hiver 1820. Le baleinier Essex quitte la Nouvelle-Angleterre et met le cap sur le Pacifique. Il est alors attaqué par une baleine gigantesque qui provoque le naufrage de l'embarcation. À bord, le capitaine George Pollard, inexpérimenté, et son second plus aguerri, Owen Chase, tentent de maîtriser la situation. Mais face aux éléments déchaînés et à la faim, les hommes se laissent gagner par la panique et le désespoir…
La bande annonce
La chronique de Sly
| Copyright 2015 Warner Bros. Entertainment
Au coeur de l'océan, de Ron Howard (2015)
L'histoire de Moby Dick comme toile de fond !
Moby Dick, c'est le fameux surnom attribué à une grande baleine autrefois appelée "cachalot blanc" que l'on retrouve dans le roman de 1851 écrit par Herman Melville. Ce livre s'inspire de faits réels : le récit d'Owen Chase, l'un des survivants du naufrage du baleinier Essex qui sombra après avoir été éperonné par un énorme cétacé.
Au cœur de l'Océan, est l'adaptation du roman In the Heart of the Sea rédigé par Nathaniel Philbrick et publié le 17.11.2000.
Un choix pas si étonnant que ça de la part de Ron Howard que de se retrouver aux commandes de ce long métrage !
Un scénario resté longtemps dans les tiroirs (12 années env.), mis de côté après avoir été dans les petits papiers de Barry Levinson, au début des années 2000, puis avorté.
Quand le projet fut remis au goût du jour, Chris Hemsworth en personne parla de ce scénario à Ron Howard directement sur le tournage de Rush (2012).
Une histoire vraie, comme les aime Ron Howard, et au regard de ses précédents films, cela lui à toujours réussi. Alors, Au cœur de l'Océan ne tarde pas à voir le jour et s'offre un super casting dont Chris Hemsworth en tête d'affiche, évidemment !
Au cœur de l'océan raconte comment Herman Melville, a bénéficié de cette histoire. Le rôle de Melville est confié à Ben Whishaw. Même si, dans la construction, il y a matière à discuter, la mise en scène est plutôt bien menée par Ron Howard permettant de donner un sens à l'aventure, avant tout humaine d'Owen Chase interprété ici, par C.Hemsworth.
Ron H. a fait le choix de conter cette aventure et il n'y avait pas meilleure idée que de se servir d'un membre de l'équipage du baleinier. C'est donc, Thomas Nickerson (âgé), incarné ici par Brendan Gleeson, membre de l'équipage et très proche d'Owen Chase qui sera notre guide. C'est un choix comme un autre qui donne une âme particulière au film et pour la version plus jeune de Nickerson, le rôle est confié à Tom Holland, acteur déjà très prisé et très apprécié depuis ses rôles dans The Impossible - 2012 et Locke en 2013.
Beaucoup de critiques négatives tournent autour de ce film, allant même jusqu'à parler d'un naufrage de Ron Howard !
Au contraire d'un naufrage, les intentions du réalisateur étaient très claires dès le départ. Il voulait nous raconter une histoire plus ciblée sur la vie et la survie des marins en mettant en avant un détail, un homme, Herman Melville, l'auteur de Moby Dick.
Il a sûrement choisi le plus compliqué, en effet, mais les flash back permettent une lecture efficace et offre le rythme qu'il faut pour comprendre et ne pas s'ennuyer.
Plusieurs actes nourrissent cette histoire !
L'art et la manière de nous envoyer en immersion dans une autre époque, une première partie qui tient toutes ses promesses...
Ron Howard débute son long métrage avec la lecture à voix haute de la lettre d'Herman Melville par lui-même, plusieurs années après les péripéties du baleinier, demandant à rencontrer Thomas Nickerson, un des derniers rescapés de l'équipage, pour lui demander de raconter cette fameuse histoire de l'essex et du grand cachalot blanc dans le but d'en écrire un roman...
Après un échange on ne peut plus négocié, on bascule très rapidement en 1820, lorsque l'ordre fut donné de partir à la chasse à la baleine pour le commerce, extraire son huile était un revenu fructueux à cette époque.
A la découverte de l'Océan !
On y découvre des voiliers majestueux, la force d'un océan déchaîné lors d'une tempête, l'impuissance de l'homme face à cette force de la nature et son instinct de survie.
Les tensions entre le capitaine de l'Essex, George Pollard (Benjamin Walker) et son second Owen Chase, ajoute un peu de piment et le naufrage prématuré du navire, suite à sa sulfureuse rencontre avec le mammifère géant, réunira les deux hommes et l'équipage restant sur trois embarcations de fortune dans un long périple au beau milieu de l'océan. Après des jours d'errances, de faim sous un soleil de plomb, quand ce n'est la folie d'une tempête qui les malmène, les marins perdent la tête, voyant leur mort imminente. Et lorsqu'enfin, ils aperçoivent une terre, synonyme de nourriture et de repos, c'est leur ennemi, la grande baleine blanche, qui décide de les charger, comme un taureau fonçant sur son toreador.
Cette dernière partie est un peu plus entrecoupée avec l'entrevue du début. Thomas Nickerson éprouve énormément de difficultés et est envahit de douleur au simple fait de raviver tous ses souvenirs, il arrive malgré tout à poursuivre la suite de son histoire, qu'il dévoile peu à peu à un Herman Melville attentif et touché.
Moins d'actions aussi, plus dans le mélodrame, Ron Howard aborde un aspect un peu plus psychologique de ses personnages, une torture de l'esprit pour quelques marins en souffrances.
C'est un long métrage on ne peut plus complet et intéressant, que ce soit dans la construction de son récit, mais surtout pour la mise en image et l'explication qu'il apporte à cette fabuleuse épopée américaine littéraire sortie en 1850 et longtemps restée dans l'ombre 1*.
On pourrait lui reprocher des effets spéciaux trop visibles, voire mauvais à certains moments, flagrants lors de la tempête subie dans les petites embarcations. Mais, dans l'ensemble, l'essentiel est là, un long métrage divertissant et haletant.
Le réalisateur nous fait ressentir toute la puissance du cachalot, de l'océan et la volonté indéfectible de l'homme à survivre et à s'accrocher à la vie face à un destin très incertain à de nombreuses reprises.
La conclusion y mêlera une histoire d'argent et de vérité à cacher à la demande des armateurs, ces donneurs d'ordres sans scrupule, qui ne voient que la perte d'un navire et la non livraison de leur commande. Un procès, une enquête et la certitude que le capitaine Pollard, acceptera d'y dévoiler le mensonge tant réclamé...
Une belle aventure pour ma part, bien amenée qui change de ce qui se fait habituellement.
1* Moby Dick est devenu une référence 20 ans après le décès de Melville, juste après la première guerre mondiale.
Sylvain LÉON
Le 4 janvier 2022
Une appréciation personnelle de 14/20
Comments