LA VIDEOTEK

Le scénario n’étant pas une perle d’inventivité (il s’agit d’une adaptation de roman de Dennis Lehanne, publié en 2001), le jeu des trois acteurs principaux constitue donc l’essence même de ce film. Il suffit d’un zoom de la caméra magistralement orchestré pour faire peser sur les épaules d’un seul homme tout le poids d’un fardeau qui lui sera attribué jusqu’à ce que mort s’en suive. Car Dave Boyle (Tim Robbins), un autre ressortissant du trio, sera vite soupçonné par tous. Traumatisé après son enlèvement lorsqu’il avait une douzaine d’années, taciturne et mystérieux, un peu benêt et très réservé, Dave conforte de son regard fuyant toutes les accusations auxquelles se confronte son innocence que lui seul défend corps et âmes. Joué par un comédien qui, hélas, donne parfois dans l’excès en voulant exprimer ce qu’un regard ou un silence retranscriraient à merveille, le personnage de Dave Boyle entretient tout au long du film une forme ambiguïté qui met presque mal à l’aise.

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Sean Penn endosse à la perfection le rôle de la victime suscitant par ses mimiques expressives une compassion partagée par toute la communauté. La colère face à l’injustice et à l’enquête qui piétine finit par transcender toutes les autres émotions du père endeuillé, qui se retourne contre le plus idéal des suspect. Il transforme le visage poupin de Dave personnifiant une candeur enfantine, en masque de dureté et d’agressivité face aux torts qui lui sont reprochés. Sean Penn semble habité par le Mal qui gangrène petit à petit la conscience de son personnage, comme si lui-même avait subi les mêmes turpitudes. Kevin Bacon, quant à lui, partage la vedette avec Laurence Fishburne, revêtant l’uniforme des enquêteurs de police chargés de l’affaire.